La cerise de Planchoury
Cette variété de cerise est méconnue, et pourtant c’est en 1844 que le célèbre Docteur Pierre-Fidèle Bretonneau (1778-1862) qui parcourait la campagne tourangelle avec sa voiturette à cheval pour ses consultations, la découvrit innomée dans les jardins du château de Planchoury à Saint-Michel-sur-Loire.
En effet , le Docteur Bretonneau était également un pomologue passionné, toujours à la recherche de nouvelles variétés fruitières et florales qu’il sélectionnait et introduisait dans son parc personnel de « Palluau » à Saint-Cyr-sur-Loire.
Le Docteur Bretonneau prit des greffons du pied mère, et en offrit notamment à André Leroy ( 1801-1875, angevin et pionnier de l’horticulture moderne ) qui dés 1846 l’inscrit au catalogue de mise au commerce des pépinières André Leroy.
« D’après nos informations, disait-il, cette variété nouvelle a pris naissance sur les rives de la Loire, dans ce jardin de la France où l’on s’occupe avec tant d’ardeur de l’amélioration des fruits ; elle a été recommandée par le Docteur Bretonneau, de Tours, pomologue distingué. »
« Cette cerise est une bonne acquisition pour nos jardins et probablement pour nos vergers, où nous ignorons si elle a été essayée ; elle fait partie de cette classe de cerise dite griotte qui comprend les meilleures variétés du genre, telles que les Royales hâtives, la belle Audigeoise et autres aussi estimées. La cerise de Planchoury est habituellement mûre du 15 au 30 juillet ; l’arbre de force moyenne est très fertile, les fleurs tardives s’épanouissent successivement. Le fruit est de la grosseur de la cerise « belle Audigeoise » avec laquelle il a beaucoup de rapports, mais il est moins arrondi, plus cordiforme et déprimé sur ses deux faces. La peau est fine, lisse, rouge vif foncé ; la couture est superficielle ; le point pistillaire large, rond, roux, très apparent, est placé un peu de coté au sommet du fruit. Le pédoncule est assez gros, vert, long de 4 centimètre. La chair est rosée, fine, fondante, son jus est sucré, légèrement acidulé. Le noyau est assez gros, arrondi, lisse. »
En 2003, l’Association des « Croqueurs de Pommes » de Veigné en Indre-et-Loire qui a pour objet la recherche et la sauvegarde des variétés fruitières méritantes, se met à la recherche de cette variété qui a disparu du marché. Ils se mettent en rapport avec Madame Geneviève Keyaerts, propriétaire du château de Planchoury qui ignorait cette particularité de son verger, mais qui en feuilletant ses archives notariales a découvert effectivement l’indication d’une « parcelle de cerisiers » dans le parc.
L’ association des « Croqueurs de Pommes » a continué ses recherches, et c’est en 2004 qu’elle reçoit une réponse positive du Verger Conservatoire de Brogdale en Angleterre, et le 14 février 2004 réception du premier greffon qui a été coupé en deux pour doubler les chances de reprise.
A la demande de madame Keyarts, le 18 janvier 2008 l’association des Croqueurs de Pommes sous la présidence de monsieur Anicet Gambini, a réintroduit deux arbres greffés de la « cerise de Planchoury » dans leur terrain d’origine , qui seront suivis par la suite par d’autres plantations de cette variété pour recréer la « parcelle de cerisiers de Planchoury ».