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Accueil > patrimoine de Coteaux-sur-Loire > La Grange de l’Isle

Ancien poste de péage sur la Loire des seigneurs de Saint-Michel-sur-Loire au Moyen-Âge.

Au virage du passage à niveau de Planchoury à Saint-Michel-sur-Loire, un chemin de terre part de la départementale 952 dans la prairie vers la Loire jusqu’à un grand bâtiment de plan rectangulaire qui remonte au XVème siècle. Il devait être autrefois accosté de constructions adjacentes, comme semble l’indiquer les arrachements existant de part et d’autre de chacun des hauts pignons à rondelis.

 

Dans les pignons de briques et de pierre sont aménagés de chaque coté des boulins (38 au sud, 26 au nord), niches pour pigeons accompagnées de corniches en briques saillantes vers l’extérieur à la base des lucarnes pour l’envol et le repos des oiseaux.

 

Au XVème siècle, la Loire avait une place incontestable dans le commerce fluvial. Chaque seigneur possesseur d’un lieu sur la vallée de la Loire, exerçait sur la navigation une domination tyrannique et fiscale dans l’étendue de ses domaines : tout bateau ou chaland passant devant les tours du château subissait la loi du maître.

La grande de l'isle en 2009, Complètement en ruine et envahie par la végétation.

La grande de l’isle en 2009, Complètement en ruine et envahie par la végétation.

Aussi s’était-il créé une lutte entre les marchands fréquentant la Loire et les seigneurs péagers. Des marchands s’établirent en confrérie, et au XIV et XVème siècle, pour non seulement pourvoir au négoce fluvial, mais également assurer appui et sécurité aux marchands et « nautonniers » qui s’y livraient. Elle lutta entre autres contre un abus qui avait pris des proportions énormes, à savoir l’exercice du droit seigneurial de péage.

Les droits péagers ne furent par la suite donnés que sur autorisation royale.

L’exercice d’un droit de péage se manifestait par l’établissement sur les bords de la rivière d’un bureau (octroi) où se tenait le receveur commis à perception. Celui de Saint-Michel-sur-Loire se situait à la Grange de l’Isle, bâtiment construit en bordure d’un chenal navigable du fleuve, aujourd’hui complètement ensablé et végétalisé. Un ancien chemin de halage passait le long, et y voit encore certaines bornes fluviales.

 

Le « péage de Saint-Michau » est mentionné dans une lettre d’information du roi Charles VII datée du 2 janvier 1427 à Amboise et donnée à l’occasion d’exactions commises par les péagers, parmi lesquels Jehan de Bueil, Seigneur de Saint-Michau-sur-Loire : en effet, celui-ci aurait parfois pris par la force les chalands en exigeant des quantités de denrées ou de vin plus élevées que le tarif prévu, s’appropriant parfois une grande partie de la cargaison. Il est même mentionné dans cette lettre du Roi, que ledit Seigneur de Saint-Michau a fait noyer des bons marchands d’Orléans qui se seraient défendus en voulant résister aux exactions et rançons ! Le Roi demanda au premier huissier du Parlement de s’informer diligemment et secrètement sur ces abus et de déférer les coupables devant la Cour du Parlement.

Le 21 juillet 1557, un arrêt du Parlement confirme le droit de péage de Charles d’Espinay, Seigneur de « Saint-Michau-sur-Loyre » et fixe le tarif applicable aux marchandises, et l’amende arbitraire en cas de perception plus élevée.

 

Mais les plaintes faites au Roi sur les incommodités que les péages levés au profit des seigneurs le long de la Loire apportaient à la liberté du commerce amenèrent à leur suppression par une ordonnance du 20 novembre 1631.

 

La Grange de l’Isle devait appartenir aux différents Seigneurs du château de Saint-Michel, puis fût rattachée à la terre de Planchoury dés le XVIIIème siècle, appartenant alors à la famille Girault de Planchoury. On retrouve comme propriétaire Marie Marthe Girault de Planchoury (1764-1834), épouse d’Auguste Jean Marie Desmé de Chavigny, conseiller au Parlement de Paris, décédé en 1808.

La terre de Planchoury comprenant la Grange de l’Isle passa à leur plus jeune fils Thomas Ferdinand Desmé de Chavigny de Planchoury (décédé en 1855). Il avait épousé Félicité Françoise Le Poitevin de la Croix de Vauxbois. L’aînée de leur fille, Amélie Marie Félicité Jeanne devint Madame Arnaud et mourut le 11 décembre 1883 au Mans. La Grange de l’Isle devint alors propriété de son fils Paul Marie Ferdinand Arnaud, capitaine de chasseurs à pied à Amiens, qui la vendit le 16 décembre 1900 avec parcelles de terres et prés à Ferdinand Moreau. Ce sont les petits enfants de celui-ci qui le vendirent dans les années 2000 à maître Jabot, commissaire-priseur et chasseur de gibier d’eau, qui passant devant ce bâtiment délaissé, eut un coup de cœur et en fit l’acquisition, ave pour projet la rénovation de ce patrimoine du passé. Mais le projet très ambitieux et onéreux ne vit pas le jour de suite faute d’obtenir des subventions suffisantes.

La grange de l'isle en 1977, encore avec sa toiture

La grange de l’isle en 1977, encore avec sa toiture

Si la Grange de l’Isle a subi les outrages des ans, perdu sa toiture, la structure des murs épais a remarquablement résisté aux crues de Loire : toutes ont été mentionnées par des inscriptions sur la pierre de leur niveau avec leur date : 1816, 1846, 1856, 1866, et 1872 (La plus importante étant celle de 1856).

Des photos du bâtiment qui avait encore en partie sa toiture en 1977, reprennent tous ces indices précieux de repères de crues qui ont été répertoriés par l’Établissement Public Loire. Certains ont maintenant disparu abimés par le lierre.

 

En effet la construction du XVème est faite de moellons qui sont liés par un mortier hydraulique très dur qui ne s’est pas dégradé : les murs résistent à toutes ces intempéries, mais la toiture finie par disparaître, et les rondelis des pignons sont à reprendre et la pointe du pignon sud finie par s’écrouler.

 

Il était urgent d’intervenir sur ce patrimoine en péril.

En 2012, un groupe d’amis de la Grange de l’Isle se forme pour soutenir le propriétaire dans cette tâche de rénovation qui semblait très difficile vu l’état du bâtiment et les contraintes législatives liées à sa situation dans une zone inondable. La nature ayant repris ses droits, c’est machettes et tronçonneuses en mains, que ces bénévoles attaquent à la base le lierre et mes ronces envahissant tous les murs.

 

Parallèlement cette même association d’amis de la Grange de l’Isle se démène pour faire connaître ce projet de restauration auprès des institutions du Patrimoine, notamment en octobre 2012 en étant présent au Centre des Congrès de Tours, pour les Journées du Val de Loire Patrimoine Mondial. Régulièrement la Grange de l’Isle accueille chaque année le public aux Journées Européennes du Patrimoine pour faire connaître ce patrimoine témoin de l’histoire locale.

Grâce à la ténacité de ces passionnés, au dossier de restauration retenu par la Fondation du Patrimoine et aux fonds récoltés via le Loto du Patrimoine de Stéphane Bern, à l’aide du Département et de la Région, des fonds du propriétaire, la situation se débloque et les travaux démarrent enfin en mai 2024.

 

 

La restauration principale est terminée depuis juin 2025, la charpente a été refaite à l’identique à l’ancienne, la couverture arbore de belles ardoises, le pignon sud fièrement relevé coté Loire, grâce au savoir-faire d’artisans locaux. Kevin Gouas, tailleur de pierre, Ioan de Lavigerie, charpentier, et Jérémy Godihno/ Alain Chevalier pour la couverture, ont redonné fière allure à ce navire de pierre échoué dans cette prairie de Loire.

 

La grange de l’Isle est un relais significatif pour le projet de Loire à Vélo à créer sur la rive droite entre Langeais et Coteaux-sur-Loire. On « rêve » également d’un projet pour restaurer le lien avec l’activité batelière en remettant en eau le bras de Loire entre l’île Bertrand face à Bréhémont et Saint-Michel.
Mais ce dernier serait horriblement coûteux, et demanderait un entretien constant, la Loire restant un fleuve sauvage et capricieux…

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